En attendant Eden - Elliot Ackerman

amelielouis Par Le 05/03/2020 0

Dans Impressions de lecture

En attendant Eden

RÉSUMÉ EDITEUR

Tous les jours, Mary est tout près de son époux, à l’hôpital. Tous les jours depuis trois ans, après son retour d’Irak. Eden est inconscient, et ses blessures ne guériront pas. Personne ne sait plus comment l’appeler, sauf elle : c’est son mari, et il est toujours en vie. Leur fille, qu’Eden n’a pas eu le temps de connaître, grandit dans cet hôpital où Mary attend avec patience et détermination un changement. Un jour, en son absence, Eden semble trouver un moyen de reprendre contact avec le monde extérieur. Dès lors, c’est Mary seule qui aura la responsabilité d’interpréter ces signaux et de prendre des décisions, ramenée tout d’un coup face à certaines vérités troublantes sur leur mariage.
D’une profonde humanité, En attendant Eden est une méditation perçante sur la loyauté et la trahison, la peur et l’amour.

Elliot Ackerman est un auteur américain. Il a servi pendant neuf ans dans le Corps des Marines des États-Unis (2003-2012) et a effectué cinq missions en Afghanistan et en Irak. Il est diplômé d'histoire et de littérature.

 

Je découvre Elliot Ackerman avec « En attendant Eden » ("Waiting for Eden", 2018) qui est son troisième roman.

Un roman intense, magistral d’humanité, porté par une plume d’une rare élégance.

C’est l’histoire d’un soldat américain dont le corps est devenu une masse de chair informe qui se débat pour respirer au centre des grands brûlés. Dès le départ, on comprend qu’il est vivant mais qu’il n’aura plus de vie. « Bientôt Eden devint comme un appendice de son propre corps ».

Le narrateur raconte l’histoire du soldat Eden et la sienne puisqu’il est son ami. Il décrit avec une telle finesse les traces physiques et morales laissées par la guerre sur les soldats (l'Afghanistan puis l'Irak) qu’on saisit immédiatement que l’auteur les a vécues.

On assiste à la lente désagrégation du mental des soldats, à l'incompréhension et à l'éloignement de leurs proches incapables de mesurer l'ampleur des souffrances et des traumatismes qui lézardent leurs relations.

Et puis, le commando de marines auquel appartient Eden saute sur une mine. Ils meurent tous sauf Eden. Mary, sa femme, délaisse la fille qu’elle vient de mettre au monde et s’épuise à accompagner Eden dans le service des grands brûlés. Il pesait cent kilos, il n’en pèse plus que trente, notamment parce qu’il est amputé. Cette amas de chair n’est plus relié au monde que par des moniteurs.

Eden, du fond de son enferment, trouve le moyen de communiquer avec Gabe l'infirmier. Il claque des dents selon le code secret qu'il a appris. Il claque des dents "1,2 / 4,2 / 3,3 - FIN".

Gabe, l'infirmier, n'attend qu'un signe de Mary pour mettre un terme aux souffrances de son époux. Quelle décision prendre ?

Ce roman pose la question de la fin de vie, des soins palliatifs, de l’euthanasie, avec tout ce qui traverse les proches : culpabilité loyauté. Mais il la pose d’une manière subtile, puisque le narrateur « observe la situation d'en haut », et pour cause, il est le compagnon de guerre d'Eden, mort avec le reste du commando, et qui l’attend dans "cet espace vide et blanc".

C’est très habile et très fort à la fois, car le lecteur navigue de la conscience (de l’âme ?) d’Eden à celle de son compagnon et partage leurs secrets.  Un livre à lire pour méditer sur ces questions d’une manière différente. J’ai été bouleversée d’un bout à l’autre, émue mais pas triste. En me faisant faire un pas de côté par rapport à la question de la fin de vie, l’auteur m’a amenée à ouvrir une porte.

 

 

 

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