La cavalière viendra avec le soir

 

Photo prix bernard schmitt 1

Prix Bernard Schmitt, décerné à Nevers le 2 mars 2019

 

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Bernard Schmitt , écrivain et médecin

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4è de couverture

Margaret lui a balbutié qu’il devait quitter la chambre maintenant, et lui pressant l’avant-bras, elle l’a reconduit jusque dans le couloir. (…)

Des femmes sont entrées.

Longtemps, il a attendu debout devant une fenêtre, les mains derrière le dos, la cervelle tantôt désertée, tantôt fracassée de pensées aléatoires. La porte grince, il se retourne. Les femmes ressortent tête basse. Certaines lui adressent de navrants sourires avant de détourner leurs yeux rougis. (…)

Le soir voile, dans des nuances de gris, les tentures et les meubles. Le feu s’est éteint dans la grande cheminée où gît encore un tronc d’arbre à demi calciné. On a emporté le faucon et fait sortir le lévrier. Les flammes des cierges vacillent autour du lit où elle repose. Lorsqu’il relève la tête, les flammes des bougies dans la nuit noire font des éclats devant ses yeux brouillés. Elles tremblent dans les ténèbres comme les mille facettes du diamant qu’il lui avait offert le premier soir.

Il pose une main sur les deux mains de Marie jointes en prière. Il sent que le temps vient de s’emballer, et que sa course lui échappe. (…)

Lui revient alors la dernière phrase qu’elle a murmurée « La cavalière viendra avec le soir. »

 

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Roman

Amélie LOUIS

ELLA éditions

ISBN : 978-2-36803-222-0

238 pages – 18 €

 

Vitrine librairie de la presse 2Librairie de la presse, Decize

 

Imaginez que vous ayez 20 ans, que vous ayez grandi au 15è siècle, et que vous ayez reçu une éducation très protocolaire. Votre destinée est de devenir épouse et mère pour assurer la descendance de votre lignée.

Vous devenez brutalement orpheline, et comme vous avez hérité d’immenses possessions, le roi de France profite de votre deuil pour tenter de vous fiancer au dauphin, futur roi.

Les désirs du roi sont des ordres n'est-ce pas ?

Marie de Bourgogne, la très envoutante jeune duchesse, fille de Charles le Téméraire et d’Isabelle de Bourbon va refuser.

Non seulement, elle commandera elle-même le destin du duché de Bourgogne, mais elle demande sur le champ, la main de son futur époux, qu’elle choisit jeune et beau – l’archiduc Maximilien de Habsbourg. Ce qu’elle n’a pas prévu, c’est qu’ils tomberont follement amoureux l’un de l’autre.

                   « L’obstination est le chemin de la réussite ».

C’est ce que Marie de Bourgogne nous donne à voir. Elle sera tenace, persévérante, droite comme une flamme. Son fulgurant destin bousculera tous les pions de l’échiquier européen.

Ce roman propose d’entrer dans l’intimité de la cour de Bourgogne, mais aussi dans le cœur de la jeune duchesse qui nous parle d'être femme depuis la nuit des temps.

 

Librairie des livres et des hommes beauneLibrairie Des Livres et Des Hommes Beaune

 

Interview Radio Arts-Mada Cosne 2018

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Lire le début du roman.

Prologue

 

Margaret lui a balbutié qu’il devait quitter la chambre maintenant et, lui pressant l’avant-bras, elle l’a reconduit jusque dans le couloir. Il s’est laissé diriger comme à tâtons.

Des femmes sont entrées.

Longtemps, il a attendu debout devant une fenêtre, les mains derrière le dos, la cervelle tantôt désertée et tantôt fracassée de pensées aléatoires.

La porte grince, il se retourne. Les femmes ressortent tête basse. Certaines lui adressent de navrants sourires avant de détourner leurs yeux rougis.

On l’autorise à regagner la pièce. Le soir voile dans des nuances de gris, les tentures et les meubles. Le feu s’est éteint dans la grande cheminée où gît encore un tronc d’arbre à demi calciné. On a emporté le faucon et fait sortir le lévrier. Les flammes des cierges vacillent autour du lit où elle repose.

Il reste planté là, hébété, à la regarder. Les stigmates de la douleur ont quitté son visage, et son teint a retrouvé sa délicatesse de porcelaine. Sa bouche semble lui adresser un sourire énigmatique.

Il lui sourit aussi et se penche pour embrasser son front. Mais en sentant sous ses lèvres la peau glacée comme une forteresse, il a un mouvement instinctif de recul.

Alors, la mort triomphe, et il se sent si impuissant qu’il en tombe à genoux. Il pose son front dans ses mains et pleure en silence.

Longtemps.

Lorsqu’il relève la tête, les flammes des bougies dans la nuit noire font des éclats devant ses yeux brouillés. Elles tremblent dans les ténèbres comme les mille facettes du diamant qu’il lui avait offert le premier soir.

Il pose une main sur les deux mains de Marie jointes en prière. Il sent que le temps vient de s’emballer et que sa course lui échappe. Bientôt, ce corps aimé appartiendra aux apothicaires et aux chirurgiens qui manieront le fer et le feu. Il s’ouvrira blafard aux embaumeurs qui l’empliront d’herbes et d’épices. Il sera exposé aux yeux de son peuple. Il descendra dans l’abyme entrouvert et deviendra pour l’éternité un nom gravé à l’airin doré sur la pierre noire, sur laquelle passeront les heures silencieuses.

Irrémédiable.

Attends, non.

Il pourrait bien forcer la porte de cette foutue horloge, faire refluer le temps afin qu’elle lui revienne. Percevoir encore le monde avec son regard, sentir sa peau parfumée et sa présence ardente. Toute son énergie est concentrée sur cette pensée-là. Des cris se bousculent dans sa gorge à vif. Cherchant intensément à les retenir, il ferme les yeux et crispe les paupières jusqu’à la douleur.

Revivre même une faible étincelle.

Son dernier regard.

Son dernier souffle.

Un soupir.

Un mot. Un mot qu’il entendrait même sans qu’elle le prononce.

Lui revient alors la dernière phrase qu’elle a murmurée « La cavalière viendra avec le soir. »

La cavalière.

Est-ce une allégorie de la mort ?

Non. Ce n’est pas sa manière de dire.

Et cette vibration dans ses dernières paroles, comme une promesse.

Et ce sourire qu’elle semble encore adresser à Dieu sait qui ?

Attendait-elle quelqu’un ?

Il repasse l’ultime instant et l’évidence s’impose. Elle espérait une visite qui lui demeure un mystère.

Ce pourrait-il qu’ils n’aient pas tout partagé ? Malgré la fulgurance de leur amour qui a résisté à la raison d’Etat, malgré les batailles gagnées, perdues, et tant de peurs traversées ensemble, malgré les jours éblouissants et les enfants nés de leur union.

Serait-ce possible alors ?

Marie aurait-elle gardé à son égard, un secret ?

 

 

1. Dix ans plus tôt, les abysses des origines.

« Parfois, Margaret, je soupçonne mon père de me fiancer, puis de se rétracter, avec la tentation secrète de me garder finalement pour lui seul.

  • Vous estimez donc que se camoufle un acte d’amour paternel derrière ses stratégies politiques ?
  • A l’évidence. Et je m’imagine d’ici quelques années, flétrie, édentée, et discrètement concupiscente, en éternelle fiancée de princes ambitieux et beaucoup plus jeunes que moi.
  • A votre âge j’ai pensé comme vous, Marie, à l’urgence d’être épousée avant mes vingt ans. Combien ai-je alors brûlé  de cierges ? Davantage que de jours. »

 

 

Mons, le treizième jour de juin 1472.

La cité vibre dans la touffeur de fin d’après-midi. Ses rues sont encore soûles et toutes résonnantes du tumulte suscité par l’arrivée matinale de la troupe de soldats menée par Nicolas 1er de Lorraine.

Le soleil était déjà haut quand l’équipage avait franchi les portes de la ville, les hommes couverts de poussière mais leurs lames lançant des éclats métalliques. Les rues bouillonnaient de leur animation habituelle. La foule affairée venait acheter de la vaisselle et des étoffes, vendre des volailles ou des porcs. Les porteurs d’eau criaient. Les bradeux, ces vendeurs des rues, hélaient les chalands en proposant des poissons séchés, des saucisses ou des pâtés chauds, dont le fumet se répandait jusque dans les échoppes. Les gardes étaient à l’affût des coupe-bourses, ces malandrins qui se fondent dans la foule pour sectionner furtivement les attaches des aumônières rebondies.

C’est alors que les cavaliers ont déboulé, et les outils des artisans sont restés suspendus en plein élan. Forgerons, taillandiers, chaudronniers, boulangers, huchiers, se sont précipités sur la place. Apprentis, badauds et clients leur ont emboîté le pas, laissant céans les mulets et les charrettes qui ont provoqué un encombrement considérable. Les enfants ont accouru en essaim, s’agitant dans les particules soulevées par les sabots des chevaux. Les femmes sont sorties sur le pas des portes, et oubliant sitôt leur ouvrage, elles se sont pressées à grands pas vers la foule composite.

C’est que la présence du fougueux duc de Lorraine est un fait retentissant. Il se dit en effet qu’il serait officiellement autorisé à venir faire sa cour à Marie de Bourgogne. Cette accréditation par le père de la jeune duchesse, Charles le Téméraire lui-même, est un privilège exceptionnel.

Si la population s’émeut si fort de la destinée de Marie de Bourgogne, c’est que Mons est bourguignonne depuis bientôt quarante ans. Située en bordure du royaume de France, près de Valenciennes, la ville appartient au comté de Hainaut. D’alliances en trahisons, la province a fini par passer entre les mains du grand-père de la jeune Marie, Philippe le Bon, duc de Bourgogne et souverain des Pays-Bas Bourguignons.

Le duc avait pesté à la naissance de cette féminine descendance. Il avait même ouvertement boudé le baptême de sa petite fille, il y a quinze ans. C’est qu’il attendait de son fils un héritier, et que même le ciel était mal venu de résister aux exigences de sa majesté. Personne, aucune créature, fut-elle biblique, ne songeait à contrevenir au despotisme du duc Philippe dont la position internationale faisait un des plus éminents princes de la chrétienté.

Outre ses innombrables possessions et titres, acquis au fil des mariages et des conquêtes, il était également maître du puissant ordre de chevalerie de la Toison d’Or qu’il avait lui-même créé.

Philippe le Bon avait l’allure guerrière. Tout son corps mince et altier en imposait, son visage basané aux angles saillants, son front large sous l’épaisse chevelure brune, son regard perçant et sa bouche charnue affirmaient un caractère combatif.

Pourtant, sa grande maîtrise de lui-même sur la scène politique, était contrebalancée par deux penchants siamois : un goût pour la fête endiablé, et une sexualité débordante. C’est ainsi que les quelques trente maîtresses et dix-sept bâtards qu’on lui attribue sont sans aucun doute largement en-dessous des effets produits par cette nature qui tirait parti de toutes les bonnes fortunes.

Le message de vie que Marie a reçu de son grand-père paternel se résume en deux mots : appétit et ténacité.

A son décès il y a cinq ans, ses territoires sont passés entre les mains du père de Marie, Charles de Valois-Bourgogne, dit le Téméraire, un héritage qui témoigne de la prodigieuse épopée de la famille de Valois.

L’histoire de cette dynastie a d’abord pris racine dans la féconde terre bourguignonne, où elle s’étend de la Bourgogne à la Franche-Comté, englobant le Nivernais et le Charolais. Puis elle s’est déployée le long de la mer du Nord, jusqu’aux généreuses terres de la Somme, des bassins de l’Escaut jusqu’à la Moselle et à la Meuse. Il ne manque plus que la Lorraine pour assurer la continuité des considérables possessions du duché de Bourgogne.

Mais il importe de pérenniser la lignée pour défendre une telle succession dont la sauvegarde se fonde d’abord sur la conquête et sur l’art militaire. Voilà pourquoi la descendance est par prévalence un mâle. Fichtre ! Malgré trois mariages, le Téméraire n’a engendré qu’une héritière, Marie, née de son second lit.

Mais le fait d’être le père d’une jeune fille susceptible d’être épousée, ne présente pas que des désavantages. Depuis sa naissance, la jeune altesse est l’objet de la convoitise obstinée de toutes les cours d’Europe qui rêvent de la marier à leurs descendants. Jamais la main d’une princesse ne fut l’objet d’une telle avidité politique. C’est ainsi qu’en habile stratège, son père la promet tour à tour, ou simultanément mais secrètement, aux souverains dont les alliances rythment ses projets de conquêtes.

Marie, qui est orpheline de mère depuis l’âge de huit ans, a grandi entourée d’une cour digne d’une princesse de son rang. Le cercle de ses intimes se compose de la divine Margaret Plantagenêt, troisième épouse de son père et sœur du roi d’Angleterre, de ses cousins Jean de Clèves et Philippe de Ravenstein, ainsi que d’Anne de Bourgogne, fille bâtarde de son grand-père Philippe le Bon. Cette dernière a la haute main sur toutes les suivantes affectées au service de la jeune duchesse. La cour de Marie compte également des gouvernantes, des pédagogues, des dames de compagnie, un secrétaire, des officiers, des servantes et des valets, un équipage de chasse, bref quelque cent personnes chargées de prendre soin de son éducation et de son confort.

Marie évolue donc sous une vigilance perpétuelle, chaperonnée, observée, espionnée. C’est pourquoi elle a très tôt appris à parfaitement se mettre en scène afin d’assumer, avec élégance, les convenances édictées par sa condition.

Mais en secret, la jeune fille est tenaillée par la vulnérabilité de son enfance, arrachée trop tôt à la présence de ses parents et endeuillée brutalement de l’amour de sa mère. Son besoin d’être aimée s’inscrit dans une quête fébrile. Elle dévore les romans de chevalerie et toutes les histoires qui se terminent par « Ils vécurent heureux et eurent beaucoup d’enfants » tout en rêvant au prince charmant qu’elle pressent en preux chevalier au regard fier et à l’allure courageuse.

Douces chimères, à mille lieues des préoccupations de Charles le Téméraire. Il y a moins d’un mois que le dernier fiancé de Marie, Charles de France et frère cadet du roi Louis XI, est passé ex-abrupto de vie à trépas. Et voici que derechef, Charles envoie en l’hôtel de Naast à Mons, là où réside temporairement Marie, un nouveau prétendant en visite matrimoniale : le fringuant duc de Lorraine.